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On entend par horaires atypiques tout horaire de travail qui sort du cadre classique défini par la loi : semaine de cinq jours de travail du lundi au vendredi, avec des horaires entre 7h et 20h, une pause entre 12h et 14h et deux jours de repos consécutifs en fin de semaine.
On peut aussi relever que le Code du travail définit des normes strictes sur la durée du travail, mais propose moins de références sur l’organisation du travail au cours de la journée et par conséquent sur les horaires atypiques. Seul le travail de nuit et les dispositions à prendre en conséquence y sont précisément définis.
Si on pense la plupart du temps au travail de nuit (de 21h à 6h) ou au travail posté aussi appelé travail en équipe (travail en 2x12, travail en 3x8, travail en 5x8 etc.), les horaires de travail atypiques regroupent en réalité plusieurs configurations et rythmes de travail :
Le travail de nuit et le travail posté sont considérés comme les formes de travail représentant le plus de risques pour la santé à cause de la perturbation du rythme circadien (cycle de 24h avec éveil la journée et sommeil la nuit). Cependant, les autres formes d’horaires atypiques entrainent aussi des conséquences sur la santé physique et mentale.
L’humain est un être diurne et notre horloge biologique fonctionne selon un cycle de 24h dicté par la sécrétion d’hormones tout au long de la journée. La perturbation de ce rythme par les horaires de travail atypiques, notamment le travail de nuit, entraine une désynchronisation de l’horloge biologique.
La perturbation du rythme naturel et les troubles du sommeil qui en résultent entrainent aussi ce qu’on appelle une dette de sommeil : en moyenne, les travailleurs de nuit dorment une heure de moins par nuit, ce qui représente une nuit entière de sommeil à la fin de la semaine.
En plus de la fatigue et de la baisse de vigilance associée, le manque de sommeil peut à terme avoir diverses conséquences sur la santé :
La baisse de concentration et de vigilance fait aussi que les accidents du travail sont plus fréquents et plus graves la nuit.
Le travail en horaires atypiques perturbe aussi le rythme de la vie personnelle et sociale et peut ainsi avoir des conséquences sur la santé mentale.
Le travail en journée discontinue signifie une période de coupure entre deux périodes de travail. Parfois vu comme un avantage, cette coupure n’est cependant pas toujours propice à la déconnexion. Travailler le soir signifie aussi travailler sur le temps normalement consacré à la famille, de la même manière que travailler le weekend impacte la vie sociale.
Le travail en astreinte peut lui aussi être une source de stress, souvent plus à cause de l’appréhension de recevoir un appel et d’être dérangé que par l’appel en lui-même.
Le travail en horaires flexibles et imprévisibles est quant à lui perçu positivement quand le travailleur a le contrôle sur ses horaires de travail car il permet une meilleure gestion de l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle. Il représente cependant une source de stress liée à l’instabilité de l’emploi quand le travailleur n’a aucun contrôle sur ses horaires.
Chaque forme d’horaire atypique représente donc différentes contraintes pour le travailleur qui peuvent être source d’isolement social, de stress et d’irritabilité.
Des dispositions peuvent être prises par les entreprises pour limiter l’impact des horaires atypiques sur les travailleurs et ainsi améliorer leur bien-être.
Lorsque le recours au travail de nuit est indispensable, des précautions peuvent être prises pour en limiter l’impact sur les travailleurs. Adapter l’emploi du temps pour réaliser les tâches les plus contraignantes au début de la période de travail peut permettre de limiter les risques liés à la baisse de vigilance. Aussi, le recours aux micro-siestes par la mise en place d’un espace et d’un temps dédiés permet une récupération de la vigilance sur les siestes courtes et une récupération physique sur les siestes plus longues.
En travail posté, la prise de poste de l’équipe du matin se fait souvent aux alentours de 5h, ce qui nécessite un réveil vers 3h30/4h. Reculer la prise de poste pour un début à 6h permet d’éviter un réveil en période de sommeil paradoxal, propice à la récupération psychique.
Décaler la prise de poste pour l’équipe du matin signifie cependant reculer la fin de poste pour l’équipe de l’après-midi, ce qui peut impacter la vie personnelle lorsque le travailleur rentre quand le conjoint et les enfants sont déjà couchés.
Dans tous les cas, il est essentiel de mettre en place un échange avec les travailleurs, notamment durant les visites médicales, sur les conséquences que ces horaires atypiques ont pour chacun.